Immunité et alimentation, quels liens ?
Les liens sont très nombreux, comme pour les autres aspects du fonctionnement de notre organisme
Rappelons d’abord que notre système immunitaire est essentiellement un système de repérage et de destruction des corps étrangers, qui intervient aussi dans l’élimination continue des cellules cancéreuses. Il repose sur trois piliers, le premier étant constitué de tous les remparts de notre organisme aux corps étrangers : la peau, les larmes, la salive, les cils des voies respiratoires, l’acidité gastrique, etc. Le deuxième pilier est l’immunité innée et le troisième pilier est l’immunité acquise :
L’immunité innée se base surtout sur nos leucocytes, c’est-à-dire nos globules blancs, que nous fabriquons dans notre moelle osseuse et qui circulent dans notre sang. Notons que ces globules blancs ont besoin de protéines pour être fabriqués et que les trois-quarts de nos protéines se trouvent dans nos muscles. En d’autres termes, nous devons entretenir notre masse musculaire, réserve de protéines, pour soutenir nos défenses immunitaires. L’immunité acquise se base surtout sur nos lymphocytes ; il existe différents types de lymphocytes, avec différents rôles :
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Les principaux liens entre notre système immunitaire et notre alimentation sont les suivants :
Tant la production de nos globules blancs que celle de nos lymphocytes est soutenue par des nutriments. Citons les prébiotiques, les vitamines A, B6, B9, C, D et E, le zinc, le fer, le cuivre, le sélénium, le manganèse, le magnésium, la coQ10, les acides gras polyinsaturés, les acides aminés cystéine, arginine et glutamine et le glutathion.
La vitamine C, en particulier, a pour effet d’augmenter les interférons, des protéines qui produisent des cytokines qui augmentent la résistance aux virus. Elle augmente aussi la mobilité des globules blancs et stimule la production de certains lymphocytes. Enfin, elle accélère la dégradation de l’histamine, qui affaiblit l’immunité en cas d’infections touchant le nez, la gorge et les oreilles.
Le zinc, en particulier, a pour effet de stimuler la production de cytokines et celle de la thymuline, qui active le thymus pour la production des lymphocytes. Il participe également à la synthèse d’une importante enzyme antioxydante, sachant que le stress oxydant déprime l’immunité.
Quand le système immunitaire est sollicité, il consomme de l’énergie. Cela implique qu’il faut idéalement des apports plus importants en glucides et en acides gras, ainsi qu’en magnésium, zinc et vitamines B pour la production d’énergie.
La réponse immunitaire à une infection peut être intensifiée ou au contraire minorée par certains nutriments. Ceux qui l’intensifient comprennent, entre autres, la plupart des acides gras oméga-6 et l’allicine de l’ail. Ceux qui la minorent comprennent, entre autres, les acides gras oméga-3. Il n’est pas nécessairement mauvais que la réponse soit minorée : par exemple, dans le cas de la covid-19, c’est une réponse excessive se traduisant par un « orage cytokinique » qui pose surtout problème.
En cas d’infection, le foie retient plus de fer et de zinc provenant de l’alimentation, car ils aideraient sinon les bactéries à proliférer. À l’inverse, il libère plus de cuivre, car il oxyde les bactéries. Il faut donc arrêter une éventuelle supplémentation en zinc (ou en fer) durant une infection et on peut la reprendre après guérison.
On constate, en cas d’infection virale importante comme une grippe, que l’organisme puise dans ses réserves en glutamine, un acide aminé stocké dans les muscles, pour la synthèse de cellules du système immunitaire. Cela peut entraîner une perte de masse musculaire relativement importante. Pour l’éviter, il peut être utile d’augmenter ses apports en glutamine ou de se supplémenter, à raison de 3 à 5 g par jour, pendant la durée de l’infection.
Un grand nombre de nos lymphocytes se trouvent dans nos intestins, plus précisément dans le mucus intestinal et dans les plaques de Peyer, un amas de tissu lymphatique qui revêt la dernière partie de l’intestin grêle. Il est donc important de maintenir une bonne santé intestinale, notamment en consommant des pré et des probiotiques et en limitant les aliments inflammatoires (c’est-à-dire ceux riches en graisses saturées, en sucres rapides, en sel, en gluten et/ou en toxiques, l’alcool et le fructose). Une mauvaise santé intestinale peut être source de dysbiose ou d'hyperperméabilité intestinale, et même avoir des impacts sur le cerveau.
L’immunodéficience, c’est-à-dire la diminution marquée et durable de l’immunité, peut avoir plusieurs causes, dont un manque de nutriments nécessaires à son bon fonctionnement. Outre le cas des personnes dénutries comme certaines personnes âgées, ce manque de nutriments peut être la conséquence d’un régime restrictif, d’une prise de médicaments, du tabac, de la pollution, de traitements contre le cancer ou du stress chronique qui surconsomment des nutriments, de pathologies digestives, ou encore de la pratique excessive du sport sans compensation suffisante. Une autre cause de baisse de l'immunité est la mauvaise alimentation, en particulier l'excès d'acide gras saturés et trans, l'excès de fer, l'excès de sucres rapides, les aliments inflammatoires, etc.
Terminons en soulignant que l'on peut également renforcer son immunité ou ne pas l'affaiblir en évitant la fatigue, en gérant le stress et en pratiquant de l'exercice physique régulier.
Pour aller plus loin, lisez aussi ces articles :
Sur le microbiote intestinal : https://isabellemaesnutrition.com/microbiote
Vous pouvez également visionner la première partie de cette vidéo, avec l'interview du nutrithérapeute Pierre Van Vlodorp, qui rappelle ce qui affaiblit ou au contraire renforce notre immunité. Cette vidéo a été réalisée dans le cadre du covid-19, mais est valable pour toute infection virale : https://www.youtube.com/watch?v=yoL7vNTtMB4. Je reprends ici l'une de ses dias de résumé :
Photo femme enrhumée de Spencer Backman