Microbiote intestinal : effet de mode ?

bactéries intestinales
bactéries intestinales
J'avoue que je ne sais pas encore si c’est un effet de mode ou une vraie révolution...

Comme vous le savez sûrement déjà, le microbiote intestinal, ce sont les milliards de bactéries qui logent dans nos intestins et qui se nourrissent de ce que nous mangeons. En échange, elles nous rendent plein de services : elles fabriquent des acides gras à chaîne courte qui ont une série d’effets bénéfiques, elles permettent la synthèse de certaines vitamines, etc.

Des expériences ont été menées pour voir si et comment un changement d’alimentation modifie la composition du microbiote intestinal. Ainsi, il a été observé que le passage d’une alimentation équilibrée à une alimentation ultra-transformée a pour effet d’appauvrir le microbiote, avec moins de familles de bactéries bénéfiques, mais aussi plus de familles de bactéries problématiques. Quand on passe d’une alimentation ultra-transformée à une alimentation équilibrée, c’est l’inverse qui se produit et dans les deux cas de manière assez rapide (de l’ordre d’une petite semaine).

Il est donc possible d’améliorer notre santé intestinale et, par ce biais, notre santé globale, via l’effet sur le microbiote d’un changement d’alimentation, au-delà de l’impact de ce changement en termes d’apports en macronutriments, micronutriments, additifs et produits chimiques. Cela renforce ce que l'on savait déjà : que notre alimentation a un impact énorme sur notre santé.

Mais cela va plus loin et il est aujourd’hui possible d’envisager de nouvelles approches thérapeutiques basées sur des interventions sur le microbiote intestinal. Concrètement, il a été prouvé qu’une modification forcée du microbiote peut guérir des infections bactériennes graves au niveau du système digestif, contribuer à guérir des troubles psychiques tels que la dépression et l’autisme et diminuer le risque de rejets de greffes :

  • Des personnes infectées par la bactérie clostridium difficile, souvent suite à un traitement antibiotique ayant perturbé leurs défenses immunitaires, précisément via son impact sur leur microbiote intestinal, ont pu être guéries par transfert de microbiote fécal provenant d’un donneur sain. Cela se fait soit par colonisation au départ de leur anus, soit par la prise orale de gélules de microbiote fécal déshydraté (aux Etats-Unis, la Food & Drugs Administration, l’autorité de santé en termes d’aliments et de médicaments, a autorisé en avril 2023 la mise sur le marché de telles gélules). C’est peu ragoûtant, mais ça marche et de manière spectaculaire (endéans la journée).

  • Des interventions similaires sur des personnes souffrant de dépression ou d’autisme ont permis d’atténuer fortement leurs symptômes. Rappelons que les bactéries intestinales fabriquent entre autres des neurotransmetteurs et des hormones, il est donc logique qu’elles aient un lien direct avec le cerveau.

  • Enfin, le transfert de microbiote fécal à des personnes sous chimiothérapie devant subir une greffe, a permis de réaliser des greffes sans rejet, ainsi que de minorer les effets secondaires du traitement anticancéreux. Cela a aussi permis d’en augmenter la dose et donc l’efficacité.

Aujourd’hui, une multitude d’études sont en cours pour observer si de telles interventions sur le microbiote intestinal peuvent avoir un effet bénéfique dans d’autres pathologies, telles que le diabète, l’obésité, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, Parkinson, ou encore Alzheimer. Les premiers résultats sont encourageants.

Dans l'attente de plus de données, je trouve cela logique et pas si révolutionnaire. Pour moi, ces approches reviennent à forcer les effets d’un changement d’alimentation, en intervenant directement sur les bactéries intestinales que ce changement d’alimentation produirait. J’ai donc quelques réserves sur les effets à long-terme, quand l’alimentation non-modifiée reprendra ses droits sur le microbiote intestinal de la personne concernée. L’avenir nous dira.

Voici quelques liens pour en apprendre plus si vous êtes intéressé(e) :

Pour aller plus loin, lisez aussi ces articles :

Photo bactéries de Julien Tromeur