Juste fatigué(e) ou en hypothyroïdie ?
Parfois, on peut se sentir fatigué(e) sans raison apparente. De nombreuses causes sont possibles, mais on pense rarement à l’hypothyroïdie,
surtout que les analyses sanguines ne sont pas bien calibrées pour la repérer. Pourtant, on estime que jusqu’à 15 % de la population, en majorité des femmes, souffre d’hypothyroïdie.
De quoi s’agit-il ?
La thyroïde est une petite glande en forme de papillon qui se situe à la base du cou. Elle produit des hormones, surtout la T4 (thyroxine) et la T3 (triiodothyronine), qui contrôlent notre métabolisme au travers de différents mécanismes. De nombreuses fonctions de l’organisme sont impactées : la vitesse à laquelle les calories sont brûlées, la croissance, la production de chaleur, la fréquence cardiaque, la digestion, etc.
La thyroïde fabrique l’entièreté de la T4 et environ 20 % de la T3. Le reste de la T3 est fabriqué par l’organisme au départ de la T4. Pour produire tant la T4 que la T3, la thyroïde a besoin d’iode, de magnésium, de fer, de vitamine B et de coQ10. Pour convertir la T4 en T3, l’organisme a besoin de sélénium et de zinc.
Chez certaines personnes, il peut y avoir un déficit en hormones thyroïdiennes et on parle alors d’hypothyroïdie. Le métabolisme est trop lent, on se sent fatiguée sans raison apparente, on a tendance à prendre du poids, on est anormalement frileux, avec les mains et les pieds froids, on a la peau sèche et un rythme cardiaque bas. Une perte de cheveux et d’autres symptômes sont possibles. Il y a de nombreuses causes possibles, dont, sur le plan alimentaire, un manque d’iode, de magnésium, de vitamine B, de coQ10, et/ou de sélénium.
À noter qu’une personne en hypothyroïdie a souvent trop de cholestérol sanguin, ce qui augmente le risque d’athérosclérose si ce cholestérol est oxydé, car le cholestérol a besoin de T3 pour entrer dans les mitochondries des cellules. La personne a également souvent une mauvaise régulation des lipides, pouvant mener à une stéatose (accumulation de graisses dans le foie) et/ou au diabète.
On pourrait établir un diagnostic d’hypothyroïdie par mesure sanguine de la T4 et de la T3, mais les valeurs considérées comme normales sont trop larges. Certains praticiens considèrent donc qu’une TSH sanguine supérieure à 2 mU/L peut déjà être considérée comme suspecte pour une hypothyroïdie. S’il y a des symptômes, il est conseillé de doser également la T3 et la T4 dans les urines de 24 h (pour être considérée comme normale, le T3 urinaire devrait être comprise entre 800 et 2500 pmol/L et la T4 urinaire 24h entre 550 et 3160 pmol/L). On peut également mesurer dans le sang les anticorps anti-récepteurs de la TSH : les anti-TPO (antithyroperoxydase) et les anti-TG (anti-thyroglobuline).
Si une hypothyroïdie est confirmée, le traitement classique consiste à prendre des hormones T4. Cela ne résout cependant pas l’éventuel manque de transformation de la T4 en T3. Il peut donc être judicieux de donner également de la T3. Un médicament, qui combine les deux hormones dans des proportions appropriées, existe sur le marché (mais est hélas indisponible en Belgique depuis déjà quelques années).
Une approche alternative, que je préfère, est celle de l’alimentation, qui doit contenir suffisamment des nutriments nécessaires à la production des hormones thyroïdiennes. Il existe des ouvrages spécialisés sur l’adaptation du régime alimentaire en cas d’hypothyroïdie.
Outre une hypothyroïdie, une fatigue inexpliquée peut aussi être causée par :
Une hypochlorhydrie, c'est-à-dire un manque d'acidité dans l'estomac. Si la personne anormalement fatiguée souffre de rots, de lourdeurs digestives ou de ballonnements après les repas, on peut suspecter cette cause. Pour la confirmer, on peut prendre un comprimé de bétaïne HCL après un repas : si cela améliore la digestion, c'est qu'il y a manque d'acidité. Si cela provoque plutôt une sensation de brûlure d'estomac, c'est que le taux d'acidité est suffisant.
Un manque d'enzymes pancréatiques. On peut mesurer l'élastase dans les selles pour poser un tel diagnostic.
Un déséquilibre du microbiote intestinal (dysbiose). Là aussi, il existe des techniques de diagnostic et bien sûr aussi des solutions pour restaurer son microbiote.
Pour aller plus loin, lisez aussi ces articles :
Sur les liens entre la santé psychique et l'alimentation : https://isabellemaesnutrition.com/depression
Sur la dysbiose intestinale : https://isabellemaesnutrition.com/dysbiose-hyperpermeabilite
Photo femme d'Abbie Bernet