L'être humain est-il naturellement végétarien ?
Cela dépend de qui répond à la question ;)
Si ce sont les Campbell père et fils, Colin et Thomas, dans leur « Rapport Campbell » publié en 2005, alors la réponse est oui. Les Campbell considèrent que l’être humain se nourrissait à l’origine de légumes et de fruits, en constatant que les protéines animales sont à la source de la plupart des maladies dégénératives actuelles, sans compter l’impact environnemental énorme de l’élevage.
J’ai le plus grand respect pour ce duo, qui a fait un travail remarquable. Je partage entièrement leur point de vue qu’il faudrait consommer beaucoup moins de produits animaliers, en particulier de viande et de produits laitiers, que ce soit pour des raisons de santé ou par rapport à l’environnement et à la pérennité de notre planète. Par contre, je diverge sur leurs conclusions relatives à notre alimentation d’origine.
Ceci étant, nous sommes presque 20 ans après la publication de leur travail et nos connaissances ont continué d’évoluer durant cette période. En croisant leurs études avec d'autres, je partage l’opinion que l’homme a toujours été omnivore et que les protéines animales ont toujours fait partie de son alimentation. Cela ne veut cependant pas dire qu’il ne faudrait pas en réduire la consommation.
Ce qui me convainc également que l’être humain était omnivore dès l’origine, c’est que nous avons des canines. Cela peut paraître un détail, mais ce n’est pas anodin : seules les espèces carnivores ont des canines. Enfin, il y a le cas de la vitamine B12. Cette vitamine est indispensable à des nombreux processus biochimiques au sein de notre organisme, au centre desquels se trouve la méthylation. La synthèse de nos neurotransmetteurs, par exemple, nécessite de la vitamine B12. Or, cette vitamine est presqu’exclusivement présente dans les sources alimentaires animales. Dans les quelques sources végétales, elle n’est pratiquement pas assimilable. Dès lors, difficile de concevoir que nous sommes faits pour ne pas consommer de nourriture animale.
Finalement, peu importe, les Campbell et moi sommes d’accord sur l’essentiel, c’est-à-dire le fait qu’il faut réduire notre consommation de viande et de produits laitiers. Tout d’abord, les protéines ne devraient pas constituer plus de 15% de nos apports énergétiques. Ensuite, elles devraient être d'au moins 2/3 d’origine végétale et peuvent sans problème être entièrement d'origine végétale (les végétariens doivent cependant vérifier leur taux de vitamine B12 et la prendre en complément si nécessaire). Dans le monde végétal, nous pouvons les trouver dans les légumineuses (pois chiches 19 %, lentilles 9 %), les céréales complètes (quinoa 15 %, riz complet 13 %), les oléagineux (noisette 15 %, amande 7 %). Les œufs de leur côté en contiennent 13 % – les pourcentages que j’indique ici sont des moyennes. Concernant le lait, vous connaissez déjà mon avis si vous avez lu mon article sur le lait. Selon moi, seuls valent d’être consommés en termes de produits laitiers les yaourts et les fromages, qui sont des produits fermentés, sources de probiotiques. Le fromage de manière occasionnelle, de préférence de lait de chèvre ou de brebis (lait moins « pollué » que le lait de vache) et de préférence au lait cru, qui est plus riche d’un point de vue nutritionnel, même s’il y a toujours un risque bactérien.
C’est l’endroit et le moment pour partager avec vous la pyramide alimentaire qui me parle le plus :
Pour aller plus loin, lisez aussi ces articles :
Sur les bénéfices de l'alimentation naturelle, par rapport aux denrées industrielles : https://isabellemaesnutrition.com/alimentation-industrielle
Sur les moyens d'élargir la palette des aliments qui ont leur place dans une bonne alimentation : https://isabellemaesnutrition.com/aliments-oublies
Voici également le lien vers le très bon documentaire américain "Fork Over Knives" : https://www.youtube.com/watch?v=EjTWFoqLy34 et celui vers son doublage en Français "La Santé dans l'assiette" : https://www.youtube.com/watch?v=69VuB1Tt_n8
Photo tartines d'Ella Olsson